Critique
Un suspense bien mené
DRAME
De Sonia Bonspille Boileau
Avec Eve Ringuette, Charles Buckell-Robertson, Yan England
1 h 17
3 étoiles
La Presse
Lancé récemment au festival de Karlovy Vary, où il était sélectionné dans le volet compétitif du Forum des films indépendants,
se distingue assurément par la qualité de sa réalisation. Fabriqué pour 200 000 $ à peine, grâce au nouveau programme de production à microbudget instauré par Téléfilm Canada, ce premier long métrage de Sonia Bonspille Boileau exploite à bon escient, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le lieu unique dans lequel le récit est campé.Comme le titre l’indique, l’intrigue de ce film à suspense se déroule dans un dépanneur. La particularité de l’approche réside dans le fait que ce petit commerce est situé à Tshikatin, un petit village (fictif) de la Côte-Nord dans lequel habite une communauté autochtone.
Avant tout un film de genre,
relate l’histoire de Lydia (Eve Ringuette). En cette soirée de fin de mois, cette dernière se trouve à servir seule la clientèle du dépanneur appartenant à son père. Un homme cagoulé (Charles Buckell-Robertson), très nerveux, se présente et réclame le contenu de la caisse – et du coffre – à la pointe d’un fusil. Or, cet homme est loin d’être un inconnu auprès de la caissière. Ou du propriétaire, du reste.À travers ce suspense, la réalisatrice, d’origine mohawk, évoque bien entendu des problématiques universelles (la violence familiale, notamment) dont souffrent particulièrement les peuples autochtones chez nous.
On saluera en outre la finesse de son approche, même si, pour exposer le drame des personnages, elle s’appuie par moments sur des dialogues un peu trop explicatifs, parfois même un peu plaqués.
En revanche, Sonia Bonspille Boileau utilise au maximum le peu de moyens dont elle dispose pour tenter de faire de son film un vrai spectacle de cinéma.
Son suspense est bien mené, et bénéficie de surcroît de la solide présence d’Eve Ringuette, une actrice d’origine innue, révélée il y a quatre ans grâce à
, un film d’Yves Sioui Durand.a aussi le grand mérite de faire écho aux drames vécus par les communautés autochtones sans tomber dans les clichés habituels. On souhaite à la réalisatrice d’obtenir un jour les moyens de ses ambitions afin d’offrir une œuvre encore plus accomplie.
Rappelons que
a clôturé mercredi le festival Présence autochtone.